Après quelques minutes de route, après Trèbes, sur la portion 110km/h en travaux qui se trouve avant le rond-point de Barbaira, je m'éclate. Je percute puis m'envole, puis je m'éteins. Black-out complet, noir total. J'émerge alors. C'est comme dans un rêve, mais en plus brumeux. Mon premier réflex fut d'enlever le casque, car la sensation d'emprisonnement et de ne pas pouvoir respirer se fait trop présente et gênante. Une fois le casque ôté, les ténèbres m'emportent à nouveau. J'émerge encore une fois, cette fois je semble mieux conscient que la fois d'avant. Déjà je me rends compte que je suis allongé sur le sol, j'ai de la difficulté à voir et tout autour de moi est flou, puis au bout de quelques minutes cela se stabilise, je cligne de yeux, je force ma vue en me concentrant sur un objet. Vous savez, c'est « comme » le matin quand on est mal réveillé. Puis j'arrive à bien voir de mon œil gauche, mais dès que je le ferme pour voir du droit, c'est flou. J'ai très mal à la tête et à mon œil. Les peurs m'envahisse, l'inconscient humain dans toute sa beauté, entrain de se dire « sa y est, je vais être aveugle, mon dieu non pas ça ! » Dans un effort surhumain, j'arrive à me relever. Je me rends alors compte que j'étais allongé sous la barrière de sécurité. Je me regarde, j'ai mes deux jambes, je peu les bouger et les ressentir, pareil pour mon bras gauche. Par contre j'ai terriblement mal au dos, à la nuque, à la tête et je ne sens pas mon bras droit. Je le vois, je le regarde, mais je ne peu pas agir dessus, il ne bouge pas, je ne le ressens pas, il est comme mort, inerte. La peur survient encore une fois, les larmes aussi, petites et discrètes. Je le touche grâce à mon bras gauche, je ne ressens rien, pas une douleur, pas une sensation, rien du tout. C'est terrifiant. Je regarde autour de moi, derrière la rambarde de sécurité, à ma gauche le casque par terre, couvert de sang sur l'avant. Je me regarde alors le torse, blouson couvert de sang également. J'ai mal au nez, avec ma main gauche je me touche le nez, il est douloureux, sensible, et saigne abondamment, le sang se répand partout. Je regarde à ma droite, je vois ma moto, couché sur le coté droit, de l'essence coule abondamment du haut du réservoir. Alors, sans réflexion, je vais vite à ma moto, et je la relève, avec mes deux bras ! Une fois relevé, béquille latérale mise et moto stabilisé, les douleurs atroce et insoutenable envahissent tout mon corps. Je sens mon bras droit, mais j'ai terriblement mal, tellement mal que je préférais que je ne le sentais pas. Mais je suis rassuré de savoir qu'il est là au moins. Ne me demandez pas comment j'ai pu relever la moto, c'est un mystère, je ne peu pas l'expliquer. D'autant plus que 1 mois après mon hospitalisation, juste soulevé un verre d'eau avec mon bras droit était un vrai chalenge !
J'entame alors les 100 pas, je marche dans tous les sens, affolé, sans but, me tenant le bras droit, criant de douleur, un seul mot s'échappe : « Maman ». Pourquoi maman ? Je me suis souvent posé la question, et j'en suis arrivé à la conclusion que inconsciemment par le biais de « maman » je me suis raccroché à la chair de ma chair, à l'origine de ma création, sans oublier que maman c'est celle qui me consolais quand enfant j'avais mes petits bobo, mes petits soucis, quand je pleurais maman était là pour me prendre dans ses bras. Mais là ce n'est pas pareil, maman n'est pas ici, je suis seul, sur cette portion de route. Au loin je vois des énormes engins, (Plus tard j'ai sus que c'était des engins de terrassement pour la route.) Je fais alors des grands signes, j'hurle, je cris, puis je vois un véhicule qui se dirige vers moi. Je m'assois sur la rambarde de sécurité, totalement épuisé, tiraillé par mes douleurs. Un homme s'approche alors, me demande comment ça va, puis un autre arrive, il m'explique qu'il est pompier volontaire, qu'il faut que je m'allonge par terre et qu'il va rester avec moi et me stabiliser les cervicales. Nous nous exécutons. Les douleurs sont toujours présentes, très fortement, mais moins oppressante, je suis comme rassuré de savoir qu'on s'occupe de moi, que je ne suis pas seul, et que l'un deux est pompiers ! Ensuite le 1er homme revient nous voir, il nous informe que les pompiers sont en routes et qu'ils ne vont pas tarder. Le 1er homme reste avec nous. Nous parlons brièvement, ils veulent me garder éveillé, ils me parlent, me posent des questions pour me solliciter, mais c'est très difficile de répondre clairement, d'être clair tout simplement. Je ne vois pas le temps passer, j'ai l'impression que c'est extrêmement long alors que c'est passé très vite. Les pompiers arrivent, ils me posent un truc pour me maintenir les cervicales, ils essaient alors de m'enlever mon blouson afin de mettre une perfusion. Mais ils n'y arrivent pas, ils demandent alors mon accort pour découper la veste. Je la leur donne puis ils le font. Impossible pour eux de poser la perfusion, ils me la mettent alors sur la main, surement car les veinent étaient plus visible à ce niveau là. Grosse perfusion, avec un gros scotch et une étiquette « pose en urgence ». Et d'un coup, la douleur se fait moindre, c'est à la limite de l'endormissement. Je me sens fatigué, épuisé, au bout de mes forces. C'est alors qu'ils m'informent qu'ils vont me déplacer dans un brancard coquille, pour me maintenir tout le corps bien ferme et droit. Et au moment de me déplacer, c'est impressionnant comment ils ont fait, ou alors c'est grâce à la perfusion, mais je n'ai rien sentis. Tous ensembles ils m'ont soulevé et déplacé dans le brancard, mais je n'ais absolument rien sentis !! Ensuite c'est flou, je sais que des gendarmes sont venu me voir, m'ont demandés où étaient mes papiers, puis ils ont regardé un peu tout. Ils m'informent alors qu'ils donnent mon porte feuille aux pompiers. Tout le long, une jeune femme pompier était à coté de moi, c'est elle qui à reçu mon porte feuille, elle était tout le temps là pour me parler et puis juste être là quoi. C'est rassurant. Ensuite les gendarmes m'indique qu'un remorqueur arrive chercher la moto et que mes parents ont été contactés. En effet, ils ont appelé ma mère qui n'arrivait pas à les croire ! « Bonjours madame, c'est la gendarmerie de Trèbes, vous êtes bien la mère de Vivien ? On voulait vous dire qu'il a eu un accident avec sa moto et qu'il est prit en charge par les sapeurs pompier de Trèbes, il va être transféré à l'hôpital de Carcassonne. » Une fois dans le véhicules des pompiers, je parlais un petit peu avec la médecin chef et les autres pompiers présent à l'arrière. Ensuite c'est flou, je ne me rappel plus trop de tout, peut-être que j'ai dormis. Ensuite je sais que j'étais sur le brancard roulant de l'hôpital, les pompiers m'ont placé au fond d'un couloir déjà chargé de monde, juste derrière une double porte, ils m'informent alors qu'ils déposent mon porte feuille sous le brancard, puis me souhaitent bonne chance et bon courage et s'en vont alors. Là le temps devient extrêmement long, j'ai pu utiliser mon téléphone, appeler Cédric mon meilleur ami, mon père aussi (ou ma mère) qui ma dit qu'il était en route. Ma sœur qui s'inquiétait et ma copine qui l'était aussi car la pauvre sa faisait plusieurs heures qu'elle n'avait pas de réponses à ses messages. Elle ne fut pas rassurer de savoir que j'étais à l'hôpital. Le temps me semblait alors terriblement long, j'attendais que mon père arrive. Quelques minutes plus le voila, j'avais les yeux alors plein de larmes, j'étais ravis de le voir ici, avec moi, de l'avoir à mes cotés. C'était rassurant. Au total il est resté 6h avec moi dans le couloir de l'hôpital. Moi dans le brancard, lui debout. Il est resté à chaque instant, tout le temps. Pendant ce temps il me demanda si je sentais mes jambes, si je pouvais les bouger, par peur que je sois prisonnier d'un fauteuil roulant. Je l'ai alors rassuré en lui disant que je les sentais, que j'avais peu marché avant que les pompiers arrivent. Je fus aussi vu par un médecin, qui m'occultât, en présence de mon père. Il me déshabillât, puis dit « Bon, vous avez la jambe gauche d'ouverte, environs mon index de long, et large comme mon pouce. C'est bien profond aussi. Vous êtes aussi bien écorché au genou. Pour votre bras soit il est démit mais je pencherais plutôt pour une fracture. Par contre vous ave beaucoup saignez au nez et vous avez l'orbite droite injectée et la paupière et contour de l'œil gonflé et écorché aussi. » Il utilisa des mots que je n'ais pas compris. Il me recousus la jambe et dit « bon ça c'est un peu fin, je vais devoir vous mettre du gros câble ! » dit-il avec humour. Une fois recousu il me posa des grosses compresses. Je ne sentais pas ma plaie, je ne l'avais pas sentie avant non plus. Mon père pour l'avoir vue ouverte avait trouvé ça plutôt impressionnant.
Toujours pendant les 6h d'attente dans le couloir, vin le moment qui détermina mon état. Pris de douleurs d'estomac, j'informe mon père que je sens que je vais vomir. Il se dépêche alors d'aller voir quelqu'un qui lui remet un petit récipient en plastique, mais trop tard. Au moment ou il revient je me tourne violement sur ma gauche, prit de douleur, et je vomis abondamment du sang. Alors alerté, mon père retourne voir la personne qui lui avait donné le récipient, puis revient avec cette charmante dame. Elle regarde, m'essuies, m'arrange un peu, je m'excuse en lui disant que je lui nettoierais le mur, puis elle va en parler à un médecin et ils me font alors passer immédiatement en « prioritaire / urgent ». Et c'est ainsi que les 6h d'attente dans le couloir se termine. Je suis emmené dans diverses salles pour faire des scanners et radiographies. Afin d'abréger ce long paragraphe, voici ce dont je suis atteint :
Monsieur Vivien, âgé de 19 ans, a été admis dans le service suite à un accident de moto. Il présentait :
- Un traumatisme crânien avec perte de connaissance initiale.
- Une conscience normale.
- Absence de déficit moteur ou sensitif. Un scanner normal.
- Un hématome périorbitaire droit avec au scanner une petite fracture du plancher de l'orbite. Absence de trouble de l'acuité visuelle ni de l'oculomotricité.
- Légère fracture du nez.
- Une fracture bifocale non déplacée de la clavicule droite.
- Une fracture du corps de l'omoplate droite.
- Une fracture des apophyses transverses de L1 à L4.
- Absence de lésion intra-abdominale, notamment rénale.
- Contusion pulmonaire.
- Fracture diaphysaire oblique du 5° métatarsien droit.
- Plaie jambe gauche.
Je suis rentré le lundi soir à l'hôpital. Le mardi midi j'ai pu « manger », puis je décidai de me lever pour aller aux toilettes, l'aide soignante était pas du tout rassuré de me voir debout, mais vu que les toilettes étaient en face de ma chambre, elle ma laissé y aller tout en gardant un œil sur moi. Je suis sorti le lendemain à 14h. Je suis donc resté moins de 24h à l'hôpital. Ensuite je suis resté en tout 2 mois chez moi si je ne me trompe pas. Dont dispense de sport à l'année. Ma copine est venue me voir chez moi le lendemain de ma sortie de l'hôpital.
1 semaine après mon père appela les pompiers de Trèbes pour les remercier de leur intervention et leur professionnalisme. Le comble dans cette histoire est que quelques heures avant l'accident, Julien un ami pompier m'avait dit « que je n'entende pas un jour que tu as été transporté dans un VSAB, sinon ça va chier ! »
Une fois en état, j'ai repris la moto, mais pas l'ancienne, je voulais repartir sur une moto que je connaissais déjà bien et sur laquelle j'avais un petit peu d'expérience, j'ai donc acheté une Kawasaki ER-500, le même modèle que ceux que nous avions à la moto-école. Et depuis, je roule tous les jours, plus ou moins vite, j'ai eu quelques frayeur, et repenser à mon accident me fait être d'autant plus prudent. Car me dire que peut-être que cette fois si en montant sur la moto, ben il se pourrait que je termine au cimetière plutôt qu'a l'hôpital. Et l'un comme l'autre, je préfère reste entier ! La vie est très précieuse, et c'est dur de s'en rendre compte au premier abord. Mais ce n'est pas pour autant qu'il ne faut pas vivre et prendre des risques. La vie est faite ainsi. Le risque zéro n'existe pas.
J'ai essayé de relater de façon la plus authentique possible mon accident et ce qui s'en ai suivit. J'ai sauté volontairement certains détail et d'autres fait involontairement (simplement car je ne m'en rappel plus.) Voila mon témoignage.
Quesne Vivien
23/08/2011




Edit : Je ne cherche pas à me plaindre ou à attirer de la compassion ou de la pitié, je témoigne juste. Il y a eu des histoires d'accident de moto bien pire que la mienne. Par cet écris je ne m'amuse pas, ce n'est pas un jeu pour moi.