Tiens, encore un message que j'avais pas vu !
La ZR-7 dérive étroitement des anciennes Kawasaki des années 70. Elle en porte encore le moteur, typique de cette époque-là. Cela se voit par son esthétique (carters latéraux très proéminents et très exposés en cas de chute (risque de casse du corps du bloc), grosses ailettes du refroidissement par air) mais aussi par sa conception (boîte 5 et non 6, 2 soupapes par cylindre). Ainsi, il n'est qu'une évolution de celui qui équipait l'ancienne 750 Zéphyr.
Sortie en 1999, l'esthétique moderne de la ZR-7 a plutôt bien réussi à faire oublier son antique mécanique, aidée en cela par une politique de promotions régulières et agressives de la part de Kawa France (qui en avait trop commandé et ne savait pas trop comment les vendre !).
Seule représentante de Kawa sur le marché archi-dominant des roadsters moyennes cylindrée de cette époque, la ZR-7 n'était pas la rivale de la 600 Fazer ni de la Hornet. Il ne faut pas la comparer du tout à ces deux-là !
La ZR-7 proposait davantage de couple à moyen-régime qu'une 600 Bandit, elle était aussi une alternative plus séduisante que la vieille Honda 750 SevenFifty (excellente moto en fin de carrière) ou bénéficiait d'une robe plus plus "à la mode" que la 750 GSX Inazuma, plus classique (perso : je l'adorais celle-là !).
Regardons la carrière de ces quatre motos à l'époque :
- La 600 Bandit continue de faire un carton plein, d'autant plus qu'elle est profondément restylée en 2000,
- La SevenFifty tire ses dernières cartouches après une carrière bien remplie,
- la 750 GSX n'a jamais trouvé son public (avant que les rares modèles survivants en occasion ne soient détruits à coup de disqueuse pour en faire des café racer).
La ZR-7 n'était peut-être pas meilleure que les autres, mais plus séduisante, oui, selon les critères en vogue à l'époque. Ainsi elle était plus valorisante, faisant plus "grosse" qu'une 600 Bandit. De plus, les équipementiers proposaient des accessoires à foison pour cette moto, permettant de la personnaliser selon ses goûts (moins de choix pour les GSX ou Seven).
[À ce sujet, les sabots de ZR-7 s'adapent parfaitement sur les ER-5 moyennant une petite retouche : pas la peine de se focaliser sur celui des GPZ...]
À la conduite, ce n'était pas un camion (toujours selon les critères de l'époque), en revanche, elle se montrait moins rigoureuse que d'autres à l'attaque, la conduite sportive n'étant pas une priorité du cahier des charges.
Objectivement, une 750 GSX Inazuma était meilleure (tenue de route, boîte 6, amortisseurs Showa de série...), mais elle n'a pas plu. La Bandit offrait quasiment la même chose pour moins cher et avait une vraie gueule.
Reste que la ZR-7 avec son vieux moteur à 8 soupapes donne une meilleure sensation de remplissage à moyen régime qu'un Bandit ou GSX, deux motos qui, en revanche, permettent des envolées jouissives en haut du compte-tours (moteurs 16 soupapes issu des anciennes GSXR).
La SevenFifty ? On la laisse de côté, elle est clairement d'une génération précédente et doit être comparée à la Zéphyr.
Enfin, le bloc de la ZR-7 était "poussé".
S'il sortait péniblement 65 ou 67 ch. sur l'ancienne Zéphyr 750, la ZR en faisait une dizaine de plus...mais toujours moins qu'une GSX Inaz' !
Malgré une esthétique relativement agressive (toujours pour l'époque...), c'est un bon gros chat câlin, pas un tigre. Ce n'est pas son programme.
Il faut vérifier quelques points avant d'acheter une ZR-7 (il y en a sûrement d'autres, je connais mal ce modèle) :
- L'état esthétique du moteur (peinture de mauvaise qualité)
- Les chutes éventuelles sans pare-carters (désastreuses sur cette moto !)
- Le jeu aux soupapes : c'est un réglage par pastilles et non pas par contre-écrou (ER-5, blocs air/huile Suzuki), imposant la dépose des arbres à cames et une belle facture en main d’œuvre.